Par Marie Linda Turner
La gourgane, aussi appelée « fève des marais », fait partie de la famille des « Fabacées ». Selon Yves Gagnon, semencier biologique, ces légumineuses sont connues et cultivées en Asie et dans le sud de l’Europe depuis plus de 4000 ans. Ici, au Québec, c’est au Lac St-Jean, à Saguenay et à Charlevoix que les gourganes ont connu un vif succès jusqu’à devenir la traditionnelle soupe à la gourgane aussi populaire que la tourtière du Lac St-Jean.

Pas compliqué à cultiver dans le potager, la gourgane a l’avantage de porter des gousses longues qui contiennent plusieurs fèves de grande dimension. Ces dernières sont lovées dans des enveloppes plutôt coriaces non comestibles faciles à enlever en trempant les féveroles dans une eau chaude salée pendant deux minutes puis dans une eau froide pour libérer les fèves dont la couleur est d’un vert prononcé.

Dans une tasse de gourganes, vous trouverez environ 12 grammes de protéines, 9 grammes de fibres, des apports très intéressants en cuivre, manganèse, phosphore, fer, potassium, calcium, vitamines A, B1, B2, B3, C et E. Intéressantes nutritivement, les gourganes sont reconnues pour être toniques, fortifiantes avec un apport énergique enviable (1).

Culture

Les plants de 60 à 80 cm (2 à 2 pieds et demi) de hauteur sont faciles de culture, comme je l’ai mentionné. Ils préfèrent les emplacements ensoleillés mais sans chaleur excessive. Comme les gourganes n’aiment pas la chaleur, vous pourrez les semer tôt alors que la température avoisinera les 10° C le jour et sans gel au sol durant la nuit. Il n’est pas nécessaire de faire des semis. Vous les semez directement au moment opportun.

Les plants ne nécessitent pas de fumier, pas d’engrais azotés. Certains jardiniers recommandent de mettre de la potasse dans la terre quinze jours avant de les semer (2). Larry Hodgson, le Jardinier paresseux, mentionne quant à lui que les légumineuses doivent être inoculées avec des bactéries appelées « rhizobiums » afin que les plants en croissance fixent l’azote et deviennent abondants en gousses (3). Il faut, selon lui, appliquer l’inoculant lorsque nous semons nos semences pour la première fois. Une fois dans la terre, elles y resteront en dormance pendant plusieurs années même si vous cultivez d’autres légumes à cet endroit. Mais il y a un hic : les bactéries rhizobiums sont difficiles à trouver dans les Laurentides. Dans son ouvrage, La culture écologique des plantes légumières, Yves Gagnon souligne que les gourganes n’ont pas à être inoculées, les bactéries rhizobiums étant naturellement dans la terre (4). Au final, vous pourriez décider ne pas utiliser ce type de bactéries et si, à la fin de la saison, les racines de vos plants ne portent pas des nodules, c’est-à-dire de petits noeuds situés sur les racines, l’option rhizobiums pourrait être envisagée l’année suivante.

Vous semez les graines à 3 pouces de profond, une graine aux 15 cm avec des rangs distants d’un mètre. Respectez la distance entre les plants, ce sera une façon d’éviter l’apparition du mildiou.

Yves Gagnon mentionne dans son livre La culture des plantes légumières qu’il faut sarcler régulièrement et buter les plants au fur et à mesure qu’ils grandissent ou encore leur installer un tuteur afin qu’ils ne tombent pas sous leur poids. Il semble utile de couper ou de pincer chaque tige au-dessus du 5e ou 6e étage des gousses qui commencent à se développer afin d’accélérer la croissance des gousses et d’augmenter leur taille. J’en ferai l’essai cet été. Après la floraison, les fleurs blanches tachetées de violet presque noir font former de longues gousses vert foncé contenant des féveroles qui peuvent être consommées lorsque cueillies. Pour des fèves séchées, il faut attendre que les gousses de-viennent noires pour les retirer et les faire sécher durant un mois. Vous trouverez environ 5 à 8 fèves par gousse selon les cultivars. Les plus connus : Windsor, Aquadulce, Crimson Flowered et Witkiem.

À la fin de la saison, laissez les plants sur place. En se décomposant, ils deviendront une excellente source d’azote pour la prochaine année.

Conservation et préparation

Les gourganes se conservent bien. Elles peuvent être gardées deux jours au réfrigérateur, être congelées ou être séchées. Elles peuvent être apprêtées de diverses façons : en salade, dans des soupes, dans des plats mijotés, dans une sauce aux tomates, etc. Pour fournir des protéines complètes, les gourganes comme toutes les autres légumineuses doivent être jumelées avec des céréales tels le riz, le blé, l’avoine, l’orge, le seigle, le boulgour, le quinoa, le maïs, etc. Ou encore avec des graines de tournesol, de sésame ou des noix. La proportion idéale sera de 1/3 légumineuses et de 2/3 céréales (5).

Sur ce, « bons préparatifs horticoles » !

Références

(1) Yves Gagnon, 2012. La culture écologique des plantes légumières. Éditions Colloïdales.
(2) (2)La culture des gourganes. Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=4auqmaK9Sxw
(3)Larry Hodgson. 2018. Les légumineuses ajoutent-elles vraiment de l’azote au sol ? https://jardinierparesseux.com/tag/legumineuses/
(4)Yves Gagnon, 2012. La culture écologique des plantes légumières. Éditions Colloïdales.
(5)Cormier, H. 2015. Quelle est la portion idéale de légumineuses si elles sont utilisées comme source de protéines lors
d’un repas principal. https://atable.quebec/question/quelle-est-la-portion-ideale-de-legumineuses-si-elles-sont-utilisees-comme-source-de-proteines-lors-dun-repas-principal/#:~:text=On%20vise%20%C3%A0%20avoir%20entre%2020%20et%2030,16%2C2%20grammes.%20-%20Haricots%20noirs%20%3A%2016%2C1%20grammes.

Le Jardinet

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